mardi 5 février 2002 (suite)

 

Pourquoi une deuxième page alors qu'aucune rupture n'est intervenue dans ma journée ? Je ne voulais pas vous effrayer avec une entrée trop longue, surtout si ma façon de lire les journaux est représentative de l'ensemble du lectorat... Oui, je suis une très mauvaise lectrice, je file en diagonale, surtout quand un paragraphe est trop long et trop compact. Pas toujours, quand un journal retient vraiment mon attention, je peux tout lire très scrupuleusement, notamment si j'ai eu l'occasion d'échanger des mails avec le diariste concerné. Là, je viens de me plonger dans plusieurs mois d'archives, par exemple. - A quels lecteurs pensé-je en écrivant ? Au lecteur parfait, bien entendu, celui que je ne suis pas capable d'être : fidèle, attentif, intelligent, saisissant tout et ne craignant pas de réagir, mais pas trop respectueux non plus. S'il y en a un(e) comme ça, peu importe qu'il soit le seul. Il me semble que c'est un problème essentiel pour les écrivains que leurs lecteurs, je retrouve souvent cette préoccupation chez eux. Personne n'a envie de sentir son texte massacré par les yeux indélicats d'un béotien.

Je suis toute seule ce soir, fait extrêmement rare ; Compagnon est retenu par une sorte de réunion. Du coup, je n'ai envie de rien, je traîne - j'ai horreur de traîner et cela m'arrive assez rarement, je suis plutôt du genre active, ou du moins je le suis devenue -, une pile de repassage m'attend sur le lit depuis ce matin. On ne dira jamais assez à quel point le repassage est une forme d'esclavage, d'ailleurs. Si, si. Il y a une sorte de pression sociale qui s'exerce sur moi à ce sujet... En théorie, j'estime que seuls les pantalons et les chemises ont besoin d'un coup de fer. Et encore, les pantalons, pas tous. Mais voilà, la mère de Compagnon repasse absolument tout, même les draps (quelle corvée !), les serviettes, les torchons et jusqu'aux chiffons ; Amie 1 n'en est pas loin, d'ailleurs elle tient beaucoup de la fée du logis. J'en retire une sorte de culpabilité, et du coup des vêtements que sans elles je n'aurais jamais songé à repasser, comme les tee-shirts Petit Bateau qui sont à peu près infroissables, atterrissent sur ma planche. Et cette pression est plus générale, d'ailleurs, je la sens de toutes parts depuis que je vis en couple. Pas de la part de Compagnon lui-même, pas du tout, il ne me demande jamais rien. C'est... oui, social, général. Amie 1 est bien plus marquée par ça (l'exemple de sa mère ; chez mes parents, les choses sont plus simples. Tous les vêtements sont envoyés chez une repasseuse, la femme de ménage passe une fois par semaine, et quant à la vaisselle c'est mon père qui s'en charge. Du coup, point de vue libération, je suis très en retard par rapport à ma mère) : elle se sent coupable si elle ne produit pas chaque jour un menu élaboré le soir, par exemple. Moi... eh bien, je me suis mise à la cuisine et j'aime beaucoup ça, mais c'est spontané. Si ça m'avait déplu, j'aurais trouvé normal que nous mangions des surgelés tous les soirs. Mais le rôle éternel de la femme est tapi dans un coin, il me guette et gagne du terrain sur mes convictions féministes. Bon, j'exagère un peu, d'accord. Mais je ne trouve tout de même pas très normal de passer... je ne sais pas, deux heures par semaine ?... à repasser des vêtements qui se froissent en une heure une fois enfilés. On prétend qu'Yves Saint-Laurent a libéré la femme avec sa conception du smoking, mais il aurait bien mieux fait de promouvoir le tee-shirt naturellement froissé. - En revanche, j'adore les lessives. Vraiment. Est-ce que ça vient encore de l'émerveillement de posséder une machine à laver à domicile au lieu de tout emporter à la laverie ? Je ne sais pas, mais lancer une machine me procure une satisfaction certaine. J'espère que ça ne s'émoussera pas avec le temps. En revanche, ma conception de la lessive ferait hurler Amie 1. Oui, je le proclame, je mélange allègrement le blanc et la couleur, et je vous garantis que ça ne pose aucun problème, tant que vous n'y mêlez pas un truc tout neuf susceptible de déteindre, genre pantalon rose en coton made in Indonesia.

19h26. Une heure que je suis devant l'écran, entre promenades et écriture. C'est que ça m'inspire, les tâches ménagères... Est-ce que c'est normal, une journée entière sans réponse de mon hébergeur ? De manière tout à fait perverse, comme je ne peux pas mettre ce site en ligne, je veux absolument le faire, et même l'inscrire tout de suite à la Communauté des écrits virtuels, alors que j'avais décidé d'attendre un peu. C'est tout moi. Je suis l'archétype de la personne qui veut tout, tout de suite, et après c'est trop tard. Mais c'est vrai, après l'entrée assez consistante d'aujourd'hui, je voudrais être lue, même modestement, même sans aucun retour de lecteur... Pour que ce journal soit complet, il faut que la bilatéralité soit assurée, or elle est actuellement impossible. J'ai l'impression de parler un peu dans le vide... Allons, un peu de patience.

21h13. C'est ennuyeux, il existe chez l'hébergeur que j'avais choisi une liste des utilisateurs ; or, la moitié au moins des sites comportent une affreuse page bleue annonçant "Bienvenue sur la HomePage de Machin", c'est-à-dire ce dont je dispose moi-même pour le moment, sans pouvoir actualiser le site. C'est inquiétant, s'ils ont autant de retard... Je vais me mettre en quête d'un autre hébergeur, quitte à repasser sur celui-là plus tard.

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