Jeudi 28 février 2002

17h12h42. Après un repas zéro préparation (reste de tarte à la tomate d'hier soir que je n'ai pas pris la peine de faire réchauffer, et d'ailleurs elle était très bonne froide, très rafraîchissante, même si  la température de l'appartement ne rendait pas impératif un rafraîchissement), je suis bien installée devant l'ordinateur, une infusion à portée de main dans mon mug préféré (je n'en ai qu'un). Le seul problème, c'est le froid. Pourtant, il y a du soleil aujourd'hui, mais je grelotte. C'était pire l'autre soir : j'ai fait remarquer à Compagnon qu'il n'était tout de même pas très normal que, vêtue d'un collant Damart, d'un jean, d'un sous-pull et d'un pull marin 100% pure laine, j'aie encore très froid. Normalement, tout ça devrait s'améliorer à partir de lundi : des ouvriers viennent poser des fenêtres à double vitrage dans la chambre. En PVC, j'étais contre au début ("Mais on va défigurer l'immeuble ! C'est vulgaire, le PVC !"), mais au moins ça ne laissera pas passer l'air froid, contrairement à nos jolies fenêtres centenaires en bois. Elles seront aussi là pour le bruit : l'été, c'est infernal. Surtout pour Compagnon, ça le rend malade. Et c'est vrai que les gens joyeusement éméchés qui viennent chanter "Ah, le petit vin blanc..." sous nos fenêtres à quatre heures du matin, c'est moyen. - Oh là là, j'ai les doigts tout blancs, j'ai du mal à frapper le clavier...

Un de nos problèmes récurrents, avec Compagnon, c'est qu'il est obsédé par mon poids. Pourtant, comme je m'échine à le lui répéter, je suis mince et j'ai tout à fait l'intention de le rester, mais rien à faire, il me fait les gros yeux si je mange du gâteau par exemple, et pire encore si je me ressers, il me surveille en permanence. Chez nous, ça va à peu près, ma cuisine est légère, mais dès qu'on est en week-end chez ses parents ou les miens... Ça m'éneeerve ! D'habitude, les garçons sont censés se fiche complètement de cette question... Nous n'avons pas du tout la même notion de la corpulence. Par exemple, hier ou avant-hier, nous parlions de la copine de B. J'admettais qu'elle était "un peu ronde", pour Compagnon elle est "obèse". Je ne sais pas d'où lui vient cette obsession. Peut-être de sa mère, qui était mince à mon âge et a beaucoup grossi depuis, mais comme je le lui répète : 1) je n'ai aucun lien de parenté avec sa mère, il n'y a aucune raison pour que je suive le même chemin ; 2) ma propre mère pèse moins de quarante-cinq kilos et aucune femme de ma famille n'est grosse ; 3) je ne cuisine pas du tout comme sa mère et je mène une vie plus active ; 4) je fais moi-même attention à mon poids et je ne vais pas grossir subitement sans réagir. Mais rien à faire. C'est peut-être aussi sa soeur qui l'a influencé, elle a été anorexique et la maigreur est son idéal de beauté. Ah ! sa soeur... Je pourrais parler d'elle pendant des heures, je crois... C'est une sorte d'extra-terrestre par rapport à leur famille, elle est bourrée de problèmes et extrêmement bizarre. Au début, je me demandais s'il n'y avait pas eu un échange de bébés à la maternité. Physiquement, d'abord. Compagnon et ses parents ne sont pas grands, mais elle est minuscule. Ils ont le teint assez coloré, elle est toute blanche avec des taches de rousseur. Ils sont bien bâtis, c'est une crevette. Et mentalement surtout. Compagnon et ses parents sont des gens équilibrés, tranquilles, aspirant à une vie calme, doux et gentils. Elle est tout le contraire. Elle est souvent très agressive (j'en ai fait les frais une fois, pendant une période je l'ai vraiment détestée à cause de ça ; maintenant ça va mieux). Elle est attachante par certains côtés, mais tellement difficile à vivre... Je plains surtout sa mère, elle doit vivre dans l'angoisse perpétuelle, avec une fille à la fois si autodestructrice et si peu autonome, qui n'habite plus chez ses parents (elle a bientôt vingt-cinq ans, soit deux de plus que Compagnon, mais il paraît de plus en plus être son frère aîné, et pourtant lui-même paraît à peine son âge). Moi, je n'en dormirais plus - et encore, elle est loin de tout savoir sur les problèmes de drogue ou les dizaines d'amants de sa fille. Qui d'ailleurs est sans doute un peu menteuse ou mythomane, du moins je le crois, même si Compagnon peine à l'admettre. Souvent, des détails paraissent peu cohérents dans ses récits. Enfin, j'ai tout de même l'impression que ça va mieux ces derniers mois ; elle a eu un problème de santé qui aurait pu être très grave, a vécu dans l'incertitude et la peur pendant des semaines, et elle a mûri depuis, elle est plus calme, plus douce.

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