Jeudi 4 avril 2002 (bis)

22h43. Quand nous avons emménagé dans cet appartement, Compagnon et moi nous sommes fait la réflexion qu'il était impossible d'être longtemps en proie à la déprime dans un endroit pareil. Et nous avions raison. Je viens de descendre l'escalier, d'un pas alourdi par l'ennui, pour aller acheter, ô suprême intérêt, du papier toilette à la supérette qui est ouverte à peu près tout le temps, en bas de chez nous (officiellement, ils ferment à 23 heures, mais généralement on peut faire un saut chez eux jusqu'à minuit. D'ailleurs, ce magasin est fantastique. On y trouve tout simplement tout, ils semblent pouvoir contenir bien plus de choses dans dix mètres carrés que Champion avec trente fois plus de surface, c'est même hallucinant. En contrepartie, ils sont bien trente pour cent plus cher, mais quand j'ai besoin de vanille liquide ou de sauce au raifort, je sais que je peux toujours compter sur eux. Une seule fois, ils m'ont déçue : je voulais des tomates séchées à l'huile d'olive). Et je suis arrivée dans la rue, et tout a changé. La place était pleine de couples enlacés, d'amis joyeux, de gens bien habillés pour sortir et de touristes américains, la musique s'échappait des bars, impossible de ne pas être contaminé par cette joyeuse soif de vivre. Dans la supérette, les gens achetaient de l'alcool et se renseignaient sur les tabacs encore ouverts à cette heure tardive. Et on est jeudi soir. Que font ces gens le reste du temps ? En tout cas, ce soir ils voulaient s'amuser.

Normalement, vous devez distinguer la supérette à droite, sur la première photo. Désolée pour la qualité, mais si je voulais que les détails soient visibles, pas le choix... - Bon, c'est pas tout ça, mais la vaisselle et trois pulls à repasser m'attendent (à moins que je ne me rallie à l'opinion d'un garçon qui affirmait l'autre jour devant moi que "repasser ses fringues, c'est petit-bourgeois"). Il est très clair que ma vie intérieure et le côté agréable de ma vie extérieure sont lentement grignotés par les choses superflues dans la recherche du bonheur (le travail, la vaisselle, tout ça). Du moins que je n'oublie pas l'existence de mon petit moi, tout va bien. Pour le moment.

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