Jeudi 4 avril 2002

21h31. Une espèce de déprime insidieuse s'est sournoisement emparée de moi en fin d'après-midi. Elle vient de la combinaison entre les absences continuelles de Compagnon qui, même présent, est ailleurs, à cause de ses examens la semaine prochaine (ils ont trois sessions d'examens par an dans son école, comme quoi, on a beau se plaindre à la fac, il y a toujours pire chez les autres), et le travail qui m'attend ce week-end. Je dois faire un plan de dissert, ce qui a priori n'est pas énorme, mais dans une matière que j'ai irrémédiablement prise en grippe, allez savoir pourquoi. J'ai aussi deux gros devoirs sur table à préparer, et je n'ai encore rien fait. Vivement les vacances... les grandes vacances... et la fin de tout ça. Je n'aurais pas cru en avoir un jour assez des études, mais en ce moment, si, c'est cette année de licence qui est insupportable. Pas à cause de la difficulté, qui existe mais ne me pose pas spécialement de problèmes. A cause de la lassitude qu'elle engendre - trop de travail ennuyeux, de cours ennuyeux, sans que cela semble vouloir s'arrêter un jour. L'année prochaine, en principe, ça ira beaucoup mieux. Pour ceux qui ne connaissent pas, l'année de maîtrise consiste essentiellement en une recherche personnelle sur un sujet que l'on a choisi, avec à la clef la soutenance d'un mémoire de quatre-vingt à cent pages police 12 intervalle 1,5. Donc on s'organise beaucoup seul, même si on a assez régulièrement des rendez-vous avec son directeur de maîtrise, ainsi que quelques heures de cours par semaine. Si on veut s'arrêter quelques jours parce qu'on n'en peut plus, on peut. On peut travailler où l'on veut, quand on veut (ok, j'idéalise sans doute). On peut garder toutes ses soirées libres. En plus, comme je travaille vite, je pense que je pourrai me garder pas mal de temps pour moi, travailler un peu, si ça se passe bien, dans cette boutique où je compte commencer cet été, ou peut-être donner quelques cours. De mes deux copines qui sont en maîtrise actuellement, l'une a beaucoup de temps libre, l'autre trouve le temps de faire une licence d'histoire en même temps. J'y suis bientôt... Au retour des vacances de Pâques, il faudra que j'aille voir la personne que je voudrais avoir pour directeur de recherches, appelons-le M. Y., afin de lui soumettre mon sujet. Ou plutôt l'auteur que j'ai choisi, ce qui est encore un domaine bien trop vaste, il va falloir que je lise beaucoup pendant les vacances pour me faire une idée plus précise de son oeuvre. Penser à l'avenir, à l'année prochaine, m'aide à supporter cette lassitude actuelle. Bon, j'arrête avec ce sujet à l'intérêt extrêmement limité. J'arrête tout court ? Je vais faire un tour sur Internet, voir si un sujet m'inspire.

Je me dis parfois que ma vie est atrocement répétitive. Ce n'est pas l'impression qu'elle me donne, mais quand je vois à quel point cette impression de ne rien avoir à dire sur elle revient souvent, je me pose tout de même des questions. Une partie du problème vient sans doute du fait que je suis très loin d'aborder tous les sujets que je voudrais ici. D'une part, ce ne serait pas nécessairement très intéressant pour vous qui ne connaissez rien des acteurs secondaires de ma vie. D'autre part... je ne sais pas. Une question de flemme, peut-être.

Il y avait ce soir une réunion de bureau de l'Association. Ce genre de choses se déroule toujours de la même manière : c'est censé commencer à 17 heures, et à 17h30 nous sommes toujours trois à attendre tous les retardataires. Ça se passe dans un petit local sale et enfumé. Quand c'est à peu près commencé, la discussion porte généralement sur des points très obscurs à mes yeux et se prolonge indéfiniment à propos de détails mineurs et ennuyeux. Parfois, le ton monte, et une dispute affleure, sans toutefois se concrétiser car tout le monde est à peu près ami avec tout le monde. De temps en temps, la conversation dévie pour porter sur les ragots du moment. Il y a toujours quelqu'un - D2, en l'occurrence - qui se dévoue pour faire le pitre et ennuyer tout le monde en empêchant la discussion d'avancer. A certains moments, alors que, les yeux baissés, je contemple le tissu de mon jean, je sens le regard de la Présidente peser sur moi : c'est qu'elle veut me confier une tâche que je n'ai aucune envie d'assumer (du style aller pendant deux journées entières dans une fac de banlieue assister à une succession de réunions comme celle-ci - "Je peux pas, j'ai plein de cours le mardi"). A un moment, alors qu'on ne semble être parvenu à aucun accord sur aucun des points abordés, la réunion est terminée. Ma réaction à ce type de moments est bizarre, au point que je m'interroge parfois sur une sorte de masochisme sous-jacent chez moi. D'un côté, c'est aussi ennuyeux que la description ci-dessus le suggère. D'un autre côté, je ne suis pas mécontente d'y assister, peut-être à cause de mon amitié pour la plupart des personnes présentes, mais ce n'est pas seulement ça. Je me rends bien compte que ce n'est pas très satisfaisant comme conclusion, mais je n'ai pas d'explication.

P.S. : Vous avez vu, je suis sur Free maintenant. Quel soulagement !

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