Mardi 19 mars 2002

22h16. Bon, le pain, ce n'était pas franchement une réussite, il a terminé sa courte vie dans notre poubelle. Alors qu'il était censé avoir doublé de volume lors de son séjour devant le radiateur, il n'a pas changé d'un iota. Il n'a pas glonflé non plus pendant la cuisson. Du coup, il avait l'aspect d'une sorte de baguette plate, et il s'est révélé peu cuit à l'intérieur. Je l'ai tout de même goûté avec une pointe d'héroïsme, et c'est à ce moment-là seulement que je me suis souvenue que je n'aimais pas tellement le pain, si l'on excepte l'Extra Moelleux Harry's. - Cette après-midi, je suis passée au local de l'association déjà mentionnée ici ; comme à chaque fois, je me suis laissée piéger. C'est toujours pareil : je pense rester à peu près une heure, et puis de parties de tarot en discussions animées sur le deuxième tour de la présidentielle (voter Jospin quand même ou pas ?), trois heures plus tard je suis toujours là. Ce lieu, pourtant exigu, sale, encombré et enfumé, possède une étrange force d'attraction. J'ai vu deux garçons, l'un que je connais bien, P., et l'autre vaguement, O., qui ont passé l'écrit du CAPES (concours pour devenir prof de collège ou de lycée) d'histoire-géo la semaine dernière. Pour ceux qui n'en auraient pas entendu parler, l'épreuve de géo des étudiants de l'académie de Paris avait lieu en banlieue, à Rungis, dans (dixit une étudiante citée par Libé) "un hall d'usine, sur des chaises de jardin, là où le RER C [train de banlieue] ne passe que toutes les demi-heures". Or, le matin de l'épreuve, le fameux RER C a eu une panne, si bien que quelques dizaines d'étudiants sont arrivés trop tard pour avoir le droit de faire l'épreuve. Du coup, furieux, ils ont décidé de la faire invalider en tambourinant contre les vitres de la salle, en brandissant des cartes et des bouquins, etc. P. et O. se sont obstinés quelques temps, puis le n'importe-quoi s'est généralisé - les étudiants dans la salle sortaient des portables et des bouquins -, si bien qu'ils ont rendu leur copie non terminée et sont partis. La copie de P. - il était furieux, le sujet était assez facile et il savait le traiter - se termine ainsi : "Désolé, je ne peux plus continuer, le bordel commence." Maintenant, la grande question est de savoir si le ministère va faire invalider l'épreuve, ce qui concernerait tous les étudiants, y compris les provinciaux pour qui elle s'est déroulée normalement, ou si tous les Parisiens vont être collés. La première solution paraît, d'après les dernières informations recueillies, plus probable. Je vais voir sur Yahoo s'il n'y a pas du nouveau. Ah oui. Voilà la dépêche :

"L'épreuve du CAPES d'histoire et géographie du 14 mars a été annulée et les 8.800 candidats au Certificat d'aptitude au professorat de l'enseignement du second degré devront donc repasser le concours le 22 avril prochain, a annoncé mardi le ministère de l'Education nationale. (...) Déjà l'année dernière l'écrit du CAPES d'histoire et géographie avait été annulé, un paquet de copies ayant été volées à un correcteur."

Franchement, ça fait sérieux... Je me mets à la place des candidats, il ne peut rien arriver de plus horrible que de réussir une épreuve et de la voir annulée. Forcément, ils auront l'impression de moins bien réussir la deuxième fois, et ils doivent réviser un mois supplémentaire alors qu'ils se croyaient débarrassés... Si un simple examen devait être annulé à la fac, je serais furieuse, une fois que c'est passé, raté ou réussi, on est simplement content d'être débarrassé... Mais là, pour un concours, avec une telle pression... Difficile de s'en remettre.

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l_egoine@yahoo.fr