vendredi 8 février 2002

 

13h15. Il est clair que je ne suis pas encore réconciliée avec les coiffeurs. Je ne peux pas dire qu'elle m'ait ratée, non, objectivement, ce n'est pas laid, mais c'est tout de même le contraire de ce que je voulais. Je lui ai demandé des cheveux tombant jusqu'aux épaules, de ma couleur naturelle (c'est-à-dire blond moyen, légèrement doré), avec des mèches plus claires. J'ai désormais des cheveux m'arrivant au menton, couleur marron glacé, sans mèches. Et je me demande à quoi l'ensemble va ressembler quand je devrai les coiffer toute seule... A mon humble avis, j'aurai l'air de m'être coupé les cheveux moi-même, dans le noir, à l'aide d'un sécateur. Sans compter qu'une mèche me tombe juste sur l'œil gauche (d'accord, il n'a pas une très bonne vue comparé à son voisin de droite, mais enfin il peut parfois m'être utile). Et que je suis délestée de quatre-vingt-douze euros (tiens, FrontPage n'est pas au courant du passage à l'euro, il le souligne obstinément en rouge). Mais ce qui me gêne le plus, c'est que je ne me ressemble plus du tout, j'ai l'impression de regarder une étrangère dans la glace. Et, pire, une étrangère qui ressemble à une speakerine des années cinquante, surtout quand je chausse mes lunettes. J'ai croisé Compagnon dans l'escalier en rentrant, il a lancé un révélateur "Ça change" (quand je dis ça à quelqu'un, ça veut dire : "Ma pauvre, il ne t'a pas arrangée") ; devant ma mine décomposée, il m'a assurée que ce n'était pas mal, mais il ne m'a pas convaincue. Et, plus tard, j'ai laissé un message incendiaire sur le répondeur de son portable en voyant l'évier plein de vaisselle... C'est un des inconvénients de ma personnalité, je peux me mettre dans des colères aussi violentes que brutales et assez injustifiées. Mais c'est assez rare, et ça ne survient qu'en présence d'un public averti (Compagnon, mes parents, mon frère).

14h21. Je ressens ces jours-ci - depuis mercredi, je crois - une sorte de tristesse vague, dès que je suis toute seule, et même parfois en présence d'autrui. Je ne sais pas trop à quoi c'est dû - la retombée du stress des examens ? le mauvais temps ? - mais en tout cas je n'ai envie de rien. Plusieurs activités n'attendent que moi - un peu de repassage, la vaisselle susnommée, le rangement de ma bibliothèque (car j'ai adopté une méthode un peu particulière qu'il faudrait stopper : au lieu de ranger mes nouveaux livres parmi leurs congénères, je les empile devant), deux lettres au moins que je dois à deux amies (bien que le terme d'amie puisse être discuté, mais là n'est pas la question), des pulls à laver à la main -, mais je n'ai pas la force de m'y atteler, ni celle de faire autre chose. Je traînaille en essayant de déterminer si ma coiffure me vieillit ou me rajeunit.

Tout à l'heure, je dois me rendre à une réunion d'une association dont je fais partie, à l'université. Je crains que l'ambiance ne soit un peu tendue, car la fille - appelons-la... appelons-la... Rachel ?... non, ça ne lui va pas... appelons-la la Présidente - que nous allons élire en remplacement de l'ancien président a une forte tendance au stress et à l'énervement (même si par ailleurs je l'apprécie et l'estime). En plus, Elvira (précédemment nommée Amie 2), qui fait aussi partie de cette association, ne sera pas là. - Tiens, je vais vous parler un peu d'Elvira, ça va me changer les idées. Elle est en cours avec moi depuis la première année, mais je n'ai fait sa connaissance qu'en juillet dernier et, depuis octobre à peu près, nous sommes très vite devenues des amies proches, d'autant plus facilement qu'elle s'est aussi tout de suite entendue avec Belinde (Amie 1), si bien que nous formons maintenant un trio inséparable. Elvira a une terrible tendance à se sous-estimer, alors qu'en toute objectivité elle a toutes les raisons d'avoir confiance en elle - elle est grande, jolie, intelligente, elle va emménager dans une semaine avec le garçon qui est son petit ami depuis presque six ans dans un superbe appartement qu'ils ont mis six mois à trouver. Belinde et moi ne savons que faire pour la convaincre de ne pas s'inquiéter. C'est surtout sensible depuis le début des examens : Elvira panique très facilement et cela lui nuit beaucoup, alors que Belinde et moi arrivons tant bien que mal à dominer notre peur. Nous avons passé des heures avec elle au téléphone à lui répéter d'attendre les résultats avant de s'affoler, mais en vain, je le crains.

avant sommaire après
l_egoine@yahoo.fr