Samedi 16 février 2002

23h06. Petit compte-rendu rapide en fin de journée... Nous avons aujourd'hui aidé Elvira et son copain JP à déménager, passant d'un petit studio (officiellement vingt-cinq mètres carrés, mais en réalité il en paraît quinze...) dans le troisième arrondissement à un beau deux-pièces, plus grand que le nôtre, dans le neuvième. On les a abandonnés au milieu des sacs, des cartons, des vêtements en vrac... Ça m'a rappelé le soir de notre propre emménagement : ne restaient plus dans l'appartement que Compagnon, ma mère et moi, et j'ai éclaté en sanglots... La journée avait été absolument éreintante et je m'attendais à ce que nous soyons déjà bien installés le soir, alors que nous nous sommes retrouvés dans un appartement envahi, il me semblait que nous ne finirions jamais de tout ranger... C'était vraiment très décourageant. Et, de fait, nous avons passé plusieurs jours à camper au milieu des cartons que nous ouvrions en suivant le besoin du moment (mais où sont passés ces satanés couteaux ?). Mais nous avions beaucoup plus d'affaires à ranger qu'Elvira et JP, dont la garde-robe paraît presque modeste en comparaison de la nôtre (qui occupe deux placards, une commode et un très grand tiroir sous le lit, et qui déborde de partout). J'étais émue pour eux aujourd'hui... C'est un si grand pas à franchir, surtout pour eux qui vivaient de façon assez infernale depuis six mois, à deux dans un endroit à peine suffisant pour une personne seule (sans compter leur furet et leur cochon d'Inde).

J'ai rêvé de la Scribouilleuse cette nuit ! (Je vous préviens, je raconte toujours mes rêves à l'imparfait). Ça se passait peu après la fin de son journal ; je ne lui avais pas rendu de visite depuis quelques temps, et je m'apercevais avec surprise qu'elle avait arrêté très abruptement. La dernière entrée était un film célébrant en quelque sorte l'enterrement du journal (je voyais la scène d'en haut, c'était assez curieux) : on voyait, dans une très grande salle, la Scribouilleuse devant un grand espace vide (piscine ? cercueil ? impossible à dire), entourée de centaines de lecteurs en deuil. Bien sûr, je schématise un peu, c'est toujours moins clair en rêve, mais enfin voilà ce qui m'en restait au réveil.

J'ai écrit tout à l'heure une longue lettre à une amie de longue date, appelons-la Jessica, que j'ai en fait connue par courrier pendant plusieurs années avant de la rencontrer : nous nous étions rencontrées grâce à une petite annonce que j'avais passée dans un magazine pour trouver des correspondantes (un drôle de principe, je me demande si ça existe encore ; à certaines périodes, j'avais énormément de correspondantes, françaises pour la plupart, j'adorais ça ; bon, pas mal de ces correspondances reposaient sur des mensonges de ma part, ou plutôt sur une fiction, car je ne voulais pas tromper quelqu'un mais imaginer une vie). J'avais quatorze ans à l'époque, je crois. Notre correspondance a été extrêmement fournie jusqu'à mes seize à peu près ; depuis elle est assez espacée, mais j'aime à penser que nos liens demeurent très forts. Là, je lui devais une lettre depuis des mois et des mois... Et je crois que c'est ce journal qui m'a poussée à lui écrire enfin. Une communication (même si elle est pour le moment incomplète) virtuelle m'a donné envie de retrouver la communication tangible, postale, le plaisir de trouver une lettre longtemps attendue dans la boîte aux lettres, de monter les escaliers en anticipant le plaisir de la lecture... Surtout avec Jessica. Nous avons échangé par le passé des lettres interminables, des dizaines de pages ! Celle que j'ai écrite tout à l'heure faisait modestement cinq pages.

avant sommaire après
l_egoine@yahoo.fr